L’antre de la taverne

À Saint-Briac, village battu par les vents salés de Bretagne, une légende s’égrainait au coin du feu, entre deux silences lourds et une dernière gorgée de vin. Chaque soir, dans l’ombre de sa taverne, Pierre, le tavernier, murmurait la même histoire : celle d’un trésor englouti, dissimulé dans les profondeurs traîtresses de la mer… On racontait qu’un convoi de navires s’était jadis brisé contre les récifs, emportant par le fond des cales remplies de joyaux à l’éclat presque surnaturel. Mais ce n’étaient pas les pierres précieuses qui glaçaient les esprits. Non, c’était la malédiction. Ce trésor, disait-on, n’était pas perdu, il était gardé. Des sirènes, créatures aussi belles que cruelles, veillaient sur lui. Et quiconque osait approcher, quiconque se laissait séduire par leur chant, se voyait damné, condamné à devenir à son tour le gardien du secret, prisonnier d’une éternité envoûtante et cruelle. Pendant des années, ce ne fut qu’une histoire pour troubler les nuits. … Jusqu’au jour où elle décida d’y croire.